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« UNE FOSSE SOUS CAILLEBOTIS EN CREUSANT LE BÂTIMENT »

Les logettes et les deux robots répondent à la volonté du couple de travailler dans de bonnes conditions. Il pousse sa logique en optant pour les tapis et la sciure plutôt que le paillage

HÉLÈNE ET JEAN-LOUIS DESTIGNY ONT TRANSFORMÉ LEUR AIRE PAILLÉE EN TROIS RANGÉES DE LOGETTES REPOSANT SUR UNE FOSSE SOUS CAILLEBOTIS. UN DÉFI TECHNIQUE RÉUSSI.

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LORSQU'ON DISPOSE D'UNE AIRE PAILLÉE, la solution la plus facile pour loger plus de vaches est de la remplacer par des logettes avec, éventuellement, la construction d'une extension de bâtiment si cela ne suffit pas. Un deuxième couloir de raclage est alors aménagé, tout comme une fosse à lisier. Cette solution ne convenait que partiellement à Hélène et Jean-Louis Destigny. Leur propriétaire refusant tous nouveaux bâtiments et fosse, ils ont opté pour des logettes et la construction d'une fosse sous caillebotis, forcément plus onéreuses mais incontournables.

« La rupture de notre association avec un collègue nous a obligés à rapatrier nos 70 vaches sur notre siège d'exploitation en 2010. Les 120 vaches du Gaec étaient sur un autre site à quelques kilomètres de là. Notre stabulation hébergeait les génisses de l'élevage commun. » Certes, le couple aurait pu se contenter de remettre en ordre de marche l'aire paillée pour les laitières. Seulement, durant leurs trois années en Gaec, ils apprécient le confort et le gain de travail que leur apportent les logettes de sa stabulation laitière. « Nous ne voulions pas retrouver des conditions de travail inférieures. Nous aurions eu l'impression de régresser. »

« TROIS AMÉNAGEMENTS DE BÂTIMENT À L'ÉTUDE »

Restait à choisir la meilleure adaptation de la stabulation paillée en logettes. « L'aire paillée pouvait accueillir 78 laitières. Nous désirions une plus grande capacité d'hébergementpour être en mesure d'augmenter notre production après les quotas si notre laiterie nous le demande. » Le service bâtiments de la chambre d'agriculture du Calvados leur propose alors trois projets d'aménagement. Le premier comporte 86 places en deux rangées de logettes, en tête à tête. Les deux couloirs de raclage débouchent sur une préfosse d'égouttage de 78 m3pour être en mesure d'augmenter notre production après les quotas si notre laiterie nous le demande. » , à construire dans la fumière couverte existante de 250 m3pour être en mesure d'augmenter notre production après les quotas si notre laiterie nous le demande. » . Objectif : éviter la fabrication d'un fumier mou. « Cela supposait de construire une fosse complémentaire de 600 m3Cela supposait de construire une fosse complémentaire de 600 m pour stocker le produit d'égouttage, ce que refusait notre propriétaire. » Grâce à une disposition des deux rangées de logettes en cul à cul, le deuxième projet résout ce souci. Les effluents du couloir de circulation sont raclés vers la fumière. Le couloir d'alimentation repose sur une fosse sous caillebotis. « Cette solution offre sept places en plus par rapport à la première et accorde uneplace aux cornadis à toutes les laitières mais elle ne loge pas au-delà des 70 vaches du troupeau et les génisses de deux ans », souligne Jean-Claude Delange, de la chambre d'agriculture(1)place aux cornadis à toutes les laitières mais elle ne loge pas au-delà des 70 vaches du troupeau et les génisses de deux ans ». Hélène et Jean-Louis optent donc pour le troisième projet proposant une occupation optimale du bâtiment : trois rangées de logettes. L'une de 48 places est contre le mur, les deux autres sont en tête à tête avec 40 places chacune pour un total de 128 places. « La décision est alors prise d'organiser le bâtiment en fosse + caillebotis intégral pour une capacité de stockage du lisier de 1 550 m3La décision est alors prise d'organiser le bâtiment en fosse + caillebotis intégral pour une capacité de stockage du lisier de 1 550 m », indique Jean-Claude Delange.

« IL FAUT S'ENTOURER DE COMPÉTENCES TECHNIQUES »

Elle représente un véritable défi technique. Elle suppose en effet de creuser la surface de couchage et le couloir d'alimentation sans risquer l'effondrement de la toiture. Le couloir de distribution et les cornadis, eux, sont préservés. « Ce chantier ne peut pas être réalisé en autoconstruction », avertit-il. Conscients des risques, les éleveurs font appel à des entreprises de terrassement et de maçonnerie expérimentées qui leur assurent la garantie décennale. « La stabulation étant totalement fermée, il n'était pas question de démanteler un pan de mur. L'évacuation des déblais, l'entrée des matériauxet des engins dans le bâtiment sont effectuées au travers d'une porte large de 4,50 m. De là a été progressivement constituée une rampe de terre », explique Jean- Louis. Sa création s'opère en plusieurs étapes. D'abord creuser pour descendre le niveau de la pelle de 1,50 m. À partir de cette base, il devient plus aisé pour le conducteur de la pelle à chenilles de descendre, cette fois-ci, le niveau de l'ensemble du bâtiment de 1 m. « Cette étape a permis de débuter l'installation de la rampe de terre qui atteint 10 m sur 3 m au point le plus haut. Elle a perduré jusqu'à la fin du chantier. »

« ÊTRE VIGILANT FACE AUX RISQUES LIÉS À DE TELS TRAVAUX »

Une fois les fondations du bâtiment creusées, les appuis des poteaux de la charpente, intégrés au muret des cornadis, se retrouvent à nu. Pour éviter l'effondrement, Jean-Louis pose un poteau de soutien à côté de chacun d'entre eux. Objectif : réduire la poussée qu'ils subissent. Par souci de sécurité, il relie les deux poteaux parallèles par une plaque d'acier de 1 m de long et 1 cm d'épaisseur qu'il fixe avec des « stips ». Malgré tout, les éleveurs avouent leur frayeur lorsque la terre s'éboule sous les poteaux au niveau desquels était posé un abreuvoir. « L'écoulement de l'eau avait ameubli le sol. En attendant de couler le béton de la fosse, trois étais métalliques sont posés dessous pour les soutenir. » Ces deux étayages préventifs sont efficaces puisque le chantier se déroule sans incident jusqu'à son terme. « J'ai dû couper les 30 cm de débord à l'aplomb de chaque poteau, complète Jean-Louis. Dans le cas contraire, le dé de support aurait dépassé du mur dans la fosse. » Les associés n'ont pas géré ces soucis sur l'autre long-pan. La fosse s'arrête à 2,60 m du mur, réservés à la principale rangée de logettes (voir plan).

« LE CHOIX DU BANCHAGE »

Monter une fosse sous caillebotis à l'intérieur d'un bâtiment existant ne laisse pas d'autre choix que la technique du banchage. Le recours à des cloisons préfabriquées rendait obligatoire leur transport dans la stabulation par une grue… et le démontage d'un pignon. Comment le maçon a-t-il opéré ? À partir du pignon opposé, il a avancé la construction des murs et des quatre parois intérieures en même temps. La fosse est recouverte au fur et à mesure par des prédalles consolidées par du béton et par les plaques de caillebotis.

« Le chantier s'est achevé au dernier angle de la stabulation. Après avoir supprimé la rampe de terre, un télescopique sur tourelle a posé les dernières banches à partir de la porte et du couloir de distribution. » Le chantier, sans la pose des logettes et des tapis, s'est déroulé en quatre mois. Le couple ne regrette pas. Le bâtiment héberge jusqu'à 80 VL puisque trois de ses travées sont réservées aux génisses. « Nous en élevons plus que nos besoins, ce qui nous a permis, en 2011, de vendre 33 vaches en lait à 1 350 €/pièce en moyenne », se réjouit Hélène. De plus, la libération de la fumière permet de produire 15 taurillons supplémentaires. L'investissement bâtiment + pose des deux robots s'élève à 353 600 €. « Même si le rachat d'une partie des parts sociales du Gaec par notre ancien associé en a financé une partie, un tel montant impose une conduite économique efficace. En conditions normales de financement, nous ferions face à une annuité de 39 430 €. » L'EBE 2011 du Gaec entre époux est de 118 000 € sur dix mois pour une marge brute lait de 236 €/1 000 l et un EBE/produit de 34 %.

CLAIRE HUE

(1) Depuis l'interview, il a fait valoir ses droits à la retraite.

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